Cambodge-4

Phnom Penh, le 27 décembre 2003

Un petit dernier sur le Cambodge...

L’autre jour, je parlais de la valeur de l’argent ici...eh bien! un autre exemple: l’Internet est à 37 sous l’heure!!!

Je suis cependant un peu tannée de cette grande ville, sale et bruyante...Sale, ce n’est pas peu dire dans certains quartiers. Hier j’ai vu les contrastes de plus près encore.

J’ai débuté ma journée en changeant d’hôtel. J’avais l’impression de me faire voler dans cette chambre aux draps d’un gris douteux et tachés de sang...et dont les murs, sales et sans fenêtre, me donnaient le cafard.

J’avais vu, la veille, (et je m’y suis rendue avec mes bagages) un « guesthouse » très propre (quasiment hors contexte ici) où il y avait une chambre plus petite mais dont les murs de céramique blanche, même sans fenêtre, étaient pas mal moins déprimants. Salle de bain privée et téléviseur avec câble, le tout pour 5$ US.

Et je préfère ce quartier-là : moins de touristes! Et les prix dans les restos autour sont en riels, donc moins chers! De plus, il y a une jolie et très propre (encore une fois c’est saisissant lorsqu’on regarde autour) salle à manger au rez-de-chaussée. C’est tout à fait charmant et curieux parce que je dois passer par la petite cuisine pour me rendre a ma chambre.

Après m’être installée, je suis allée au bureau de poste pour envoyer mes dix premiers films de photos imprimées (j’avais passé une partie de la nuit à les identifier). Encore là, c’est l’anarchie et le manque d’organisation, c’en est presque drôle! Ils fonctionnent encore avec d’anciennes balances à poids et recommencent plusieurs fois la manoeuvre car ils n’ont pas l’air certain de leur affaire. Le pire c’est quand ils ont voulu me remettre la monnaie. Il ne semble pas y avoir de caisse et ils cherchaient partout, dans tous les tiroirs pour être capables de rassembler le montant en $ US et en riels...il y avait des petites enveloppes ou des paquets de billets retenus par des élastiques, dans divers tiroirs et même dans les poches des préposées...Est-ce que mon paquet se rendra au Canada??? J’ai confiance...on m’a dit une dizaine de jours...

Ensuite, je me suis rendue et j’ai fait le tour de l’emplacement des édifices qui forment le complexe du Palais royal, qu’on ne peut pas visiter parce que le roi y habite, j’ai aussi vu les temples les plus célèbres (Ounarom, Phnom et pagode d’argent) et j’ai visité le Musée national. Le Musée renferme de beaux artéfacts provenant de la préhistoire, de la période angkorienne et de la période post-angkorienne, mais il n’y a pas d’explications sur l’histoire et très peu d’inscriptions.

Ensuite, je me suis dirigée vers le lac Boeng Kak où se trouvent plusieurs « guesthouses » et d’où on est censé admirer un magnifique coucher de soleil...Je ne suis pas restée pour le voir: j’avais hâte de me sauver de cette misère...J’avais honte! Je croyais avoir vu la pauvreté et les conditions insalubres partout à Phnom Penh et ailleurs au Cambodge (ça parait moins pire dans les campagnes)...mais là c’était le comble. Je ne me sentais pas insécure...pas du tout...mais je me sentais mal...comme si j’entrais dans la plus laide intimité des gens...j’étais presque gênée d’être née au Canada...et je n’ai pas pu prendre une seule photo tellement j’étais mal à l’aise de me promener en « riche » touriste devant tous ces gens et leurs nombreux enfants qui vivent dans des ruelles sales et poussiéreuses, remplies de détritus de toutes sortes...j’en ai encore le coeur à l’envers et c’est, entre autres, ce qui fait que j’aie hâte de sortir de cette ville. Je n’en peux plus d’avoir à dire non à tous ces gens qui me sollicitent en me percevant comme une « riche », ce que je suis largement si je me compare a eux!!! Il faut avoir le coeur solide!!!

Des fois, ça ne prend pas grand-chose pour transformer une journée. J’étais plutôt déprimée (cette misère m’affecte...). Mais la soirée a jeté quelques rayons de soleil sur ma tristesse. J’ai décidé de souper au « Guesthouse » (la jeune cuisinière est très douée...des arômes sublimes montaient jusqu’à ma chambre) mais le plat qui sentait si bon ne figurait pas au menu. J’ai su plus tard, car le proprio me l’a montré en passant, qu’elle préparait un gros poisson sur une assiette très bien présentée, pour un resto chic du coin. J’ai donc commandé autre chose...et c’était aussi très bien présenté et délicieux (environ 2$...cher mais ça valait la peine...je peux m’en tirer pour 50 sous si je mange ce qui est vendu dans la rue).

Alors que je me délectais de cette bonne cuisine cambodgienne (à base de riz, nouilles, légumes...ils ont de grosses soupes-repas dont je ne me lasse pas), le proprio m’a apporté une petite assiette, un cadeau de la maison, une portion de ce poisson qui sentait si bon: hummmm, quel délice! Et si bien apprêté! Je les ai sincèrement et chaleureusement remerciés!

Je suis ensuite montée à ma chambre et j’ai ouvert la télé. Quel plaisir de pouvoir écouter « Le journal de Bridget Jones » que je voulais voir depuis longtemps...»