Récits de voyages de JoL'Une

 

 

 

 

Thaïlande-11

Chronique 60

 

« Mont-Saint-Hilaire, le 24 avril 2004


BAN THAN TAWAN (ou MES DERNIERS JOURS EN THAÏLANDE)

Après quatre nuits à Songkhla, il fallait que je bouge. J'ai donc vécu les derniers moments en Thaïlande de façon bien particulière en expérimentant la vie de tous les jours d'une famille thaïlandaise d'un petit village situé au centre du pays, à huit heures au nord de Bangkok.

Ban Than Tawan compte environ 2 000 personnes vivant dans plus ou moins 200 maisons (chiffres non officiels), de bambou ou de bois solide, mais à la construction ajourée laissant place à de nombreuses ouvertures pour l'aération, le manque d'intimité, les moustiques, les fourmis, les cafards, les lézards et nombreux autres insectes)...ahah! Et laissant place aussi à la pluie et au froid (là-bas, 20 degrés Celsius, c'est très froid: ils portent des vestes lorsqu'il fait 30⁰C!).

La plupart des habitations sont construites sur pilotis, le rez-de-chaussée, ouvert, servant pour l'entreposage, les animaux ou d'abri contre le soleil ou la pluie (un peu comme une véranda sous la maison), selon la saison. On y retrouve donc, entre autres, un genre de plateforme sur laquelle on s'assoit (par terre) pour travailler, échanger sur la vie ou regarder passer le temps...et des hamacs pour faire la sieste.

Il y a très peu ou pas d'ameublement dans les maisons: une natte de bambou tressé servant de fauteuil, de salon, d'espace cuisine (mais, dans le cas de cette dernière, plus souvent dehors, sur le balcon, ou dans une construction séparée). Des matelas posés par terre font office de lits et on utilise des cordes ou autres systèmes pour suspendre les vêtements, à aires ouvertes, parfois dehors.

On cuisine rarement à l'intérieur mais lorsqu'on le fait c'est sur un réchaud au propane. Les mets sont généralement préparés à l'extérieur (ou dans un bâtiment séparé) sur un feu de bois ou de charbon, par terre. Il faut y travailler en s'accroupissant pendant de nombreuses heures, position que les Asiatiques trouvent tout à fait naturelle et confortable et qu'ils choisissent en premier, avant la position debout (par exemple pour attendre l'autobus).

Dans la majorité des cas, la famille possède au moins un téléviseur et un système de son, le KARAOKÉ étant le passe-temps favori. Elle possède aussi un cellulaire (ou plusieurs)...Ces derniers semblent fonctionner partout, contrairement à chez nous! Dans la brousse, dans l'autobus, dans un village perdu, dans le train...

La famille a également au moins un scooter ou ''motorbike'' et tout le monde sait comment l'utiliser dès le plus jeune âge. Ce qui implique évidemment plusieurs blessés de la route car il n'y a pas vraiment de règlements.

Il est important de ne pas oublier, qu'ici, tout le monde vit dehors et que toute la communauté fait partie d'une grande famille. L'individualisme, l'individualité, l'intimité et l'espace personnel sont des notions inconnues et bizarres. On se promène donc librement d'une maison à l'autre, à tout moment du jour, et on entre chez le voisin comme si on y était chez soi (il n'y a pas vraiment de portes, du moins ce que nous considérons comme telles) ce qui est généralement le cas, tout le monde étant plus ou moins apparenté.

Conséquemment, les gens ne s'identifient pas en tant qu'individus mais en temps que famille, collectivité, travail, village, compagnie...De là, sans doute, le fait qu'ils puissent manger et boire dans un autobus super bondé et s'empiler les uns sur les autres tout naturellement. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir des hommes s'enlacer ou se coller, des femmes se promener main dans la main (sans que l'on parle d'homosexualité) et, peu importe le sexe ou l'âge, des gens dormir ensemble pour se réchauffer. Ce que, personnellement, je trouve très bien.

Contrairement à notre société très égocentrique, les parents, les enfants, les frères, les soeurs, les neveux et nièces vivent sous un même toit. Il n'y a pas de système social pour prendre en charge les personnes âgées ou non autonomes pour diverses raisons. Cette responsabilité échoue donc à la famille...même élargie...qui ne s'en formalise pas du tout puisque c'est tout naturel.

Conséquemment, ça peut faire beaucoup de monde à nourrir. Mais la terre est généreuse: mangues, papayes, bananes, autres fruits, légumes variés, riz...et la nature également: serpents, insectes, oeufs d'insectes, chauves-souris, grenouilles...sans compter les poulets, les canards, les cochons, les boeufs, les vaches, etc. qui courent partout en toute liberté (et même dans la maison), etc. Il n'est pas rare de voir le coq régner en maître dans la pièce principale.

Ces trois jours-là, il a fait très chaud (je dirais au moins 42 degrés Celsius): on était dans la période la plus chaude de l'année. Apparemment, en mai, la pluie sera plus fréquente et la température plus supportable. J'ai donc trouvé étrange d'entendre les villageois se plaindre de la chaleur, comme nous on se plaint du froid...ahah! Ils devraient pourtant y être habitués...? Comme nous...ahah!

Ils regardaient donc vraiment passer le temps en priant Bouddha pour que vienne rapidement la tombée du jour...et un peu de fraîcheur. Il faut dire que c'était la fin de semaine, quoique ce soit beaucoup moins respecté comme congé que chez nous. La journée de Bouddha est le vendredi mais elle n'empêche pas le travail.

Pendant ces trois jours, j'ai mangé comme eux (entre autres: du serpent, de l'anguille, des oeufs de je ne sais trop quel insecte, des fourmis volantes...ahah...et aussi, bien entendu de la nourriture plus ordinaire telle que du riz, des légumes, du poulet, du porc, des oeufs (dont des oeufs de canard), assise par terre, comme eux, sur le balcon, comme eux, à piger dans tous les plats (et il y en a plusieurs). Il faut oublier certaines notions de salubrité quoiqu'ils soient très propres lorsqu'ils cuisinent et lavent bien les légumes et les fruits avant de les cuire ou les manger.

Pendant ces trois jours, j'ai fait le tour du village, je suis entrée dans plusieurs maisons et j'ai passé du temps sur la véranda, en dessous. J'ai été invitée à plusieurs dégustations...la politesse exige de ne pas refuser...et j'ai bu passablement de vin de riz!!! Une boisson qu'ils fabriquent eux-mêmes à peu de frais et qu'ils semblent consommer allègrement.

J'ai aussi assisté à une fête funéraire où il devait y avoir au moins deux cents personnes, tous les villageois étant invités, et où je me suis fait regarder comme une extra-terrestre (c'était un village, donc pas de touristes dans le coin). J'y ai joué aux cartes, à l'argent (quoi de différent...ahah!), en buvant du whisky thaïlandais cette fois, qu'ils consomment aussi allègrement car très peu dispendieux en comparaison de la bière (je dirais un demi-litre pour l'équivalent de 50 sous CAD).

Bref, je suis bien contente d'avoir vu de près à quoi ressemblait la vie d'une grande majorité de la population thaïlandaise rurale, assez pour savoir cependant que ce n'est pas une vie que j'aimerais: pas assez d'action pour moi...ahah!

Et surtout, pas suffisamment d'espace personnel et d'intimité!

Après ces trois jours de vraie Thaïlande, je suis partie pour le Japon...je vous en parle dans une autre chronique.

Ne me laissez pas tomber tout de suite...ahah! Ce n'est pas parce que je suis revenue que tout se termine. J'aurai des chroniques de statistiques, entre autres, de conclusions, réflexions...on ne fait pas un tel voyage sans en tirer des leçons ou résolutions (qu'on ne tiendra sans doute pas...ahah!) et, éventuellement, des photos!!! Yes!!!

À suivre...»

 

 

 

 

Ban Than Tawan

 

 

 

 

 

 

                                                                                                 

                                                                                                      La vie de village sous une

                                                                                                      chaleur écrasante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                          Surat, le jeune motocycliste qui

                                                          m'a amenée dans sa famille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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