« Mangshi, Chine, le 8 février 2004
Il y a un mauvais sort sur cette chronique: ça fait deux fois que je l'écris et qu'une fois terminée, en appuyant sur une touche, tout se traduit en chinois! Sans que je puisse récupérer le texte en français, bien entendu...grrrrr!
La deuxième était encore meilleure que la première, espérons qu'il en soit ainsi de la troisième!
J'ai une nouvelle maxime: « Vaut mieux survivre "sale" et en santé que propre et malade! » Personne (surtout pas moi) ne me fera prendre ma douche à l'eau froide quand la température ambiante est à 12-14⁰ C. De toute façon, les odeurs sont gelées...ahah. Sérieusement, je peux toujours faire un lavage de chat avec la débarbouillette et le thermos d'eau très chaude mis à ma disposition dans tous les hôtels, pour le thé (il manque parfois le thé). Mais il y a de l'espoir: je me redirige vers la chaleur...
TENGCHONG
Cette journée-là, j'ai rencontré deux anges gardiens (ma route en est pavée en Chine)...
Le matin du 6 février, je prenais l'autobus pour Tengchong. Pas le même genre que la veille mais j'avais le choix. Celui-ci avait des fenêtres qui dansaient en suivant la cadence des mouvements de la route. Il était hyper chargé et bondé. Il y avait trois étages de bagages sur le toit et autant sur le plancher. Ça l'équilibrait sinon il aurait pu verser sur le côté.
Toutes les places étaient occupées, parfois en double. Pour se rendre à notre siège, il fallait enjamber et marcher sur ces marchandises, sacs, valises et, une fois assis, on était coincé. Les bébés pleuraient, les parents crachaient, le chauffeur
gueulait...c'était vivant!
Mais quels paysages! Nous avons traversé la chaîne (Shan) de montagnes Gaoligong. De hauts sommets, des cols verdoyants, des gorges rougeâtres, des rivières aux teintes verdâtres ou bleuâtres, des précipices sans fond, des maisons bien à l'abri dans les vallées ou perchées sur les versants, des cultures en terrasses prenant différentes formes et couleurs selon ce qu'on y sème et tapissant tout ce sublime décor, des pentes parfois abruptes aux plaines rassurantes, en passant par les douces collines.
Le jeune homme à ma droite avait un petit air intello. Le pauvre avait les pieds sur mon sac et pas de place pour s'étendre les jambes. Il a dormi sur mon épaule un certain temps et a aussi jeté des regards obliques sur ce que je lisais, soit les informations concernant Tengchong. Heureusement!!! C'est lui qui m'a dit, en signes et en chinois, que j'étais rendue à destination et c'est aussi lui qui a demandé au chauffeur d'arrêter pour moi. L'autobus continuait pour je ne sais trop où...Un gros gros merci à ce jeune homme!!!
Par chance, le bus m'a debarquée (après que j'aie eu grimpé et surmonté les piles de bagages) juste en face du terminus que je croyais être ma destination. Je n'ai donc pas mis trop de temps à m'orienter et à trouver l'hôtel où je comptais nicher. Essayez d'imaginer un peu : ce n'est pas du tout évident quand tout est en chinois...ahah. C'est même étourdissant! Aussi déroutant et enivrant que les manèges à La Ronde (parc d'amusement)!
Une fois les bagages déposés, j'ai traversé la rue pour aller manger dans un petit resto. Pendant que je tentais de me faire comprendre, une jeune fille m'a abordée dans un très bon anglais. Elle avait 20 ans et se nommait Hongjie (surnom: Édith). Elle était en vacances de l'université pour un mois et aidait dans le restaurant de sa mère. Elle avait appris l'anglais pendant trois ans, au
"high school".
Elle s'est généreusement offerte pour me servir de guide, gratuitement, afin de me faire visiter un beau coin de son pays, soit Heshun, un paisible petit village traditionnel chinois situé à 4 km au sud de Tengchong. J'ai accepté avec plaisir d'autant plus que ça faisait des jours que je n'avais parlé à personne.
Nous avons donc pris le minibus pour Heshun où nous avons marché quelques heures pendant lesquelles elle prenait son rôle de guide très au sérieux. Ce fut une expérience enrichissante et je suis très heureuse de l'avoir rencontrée. Un gros, gros merci à elle aussi. C'était mon deuxième ange gardien de la journée...
Après cette visite, elle est retournée au resto de sa mère et moi j'ai été fidèle à mes habitudes: j'ai marché la ville pour la découvrir! Il n'y avait pas vraiment grand-chose de spécial: des magasins, des banques à profusion, comme toujours, mais pas d'Internet ni de restos traditionnels.
MANGSHI
Le lendemain matin, j'ai pris l'autobus pour Mangshi, dans le Dehong, où vivent plusieurs minorités, entre autres: Birman, Jingpo, Bai, De'Ang et Achang. Nous n'étions que trois personnes à nous rendre jusqu'au bout du trajet et seulement sept au départ. Pas très populaire...ahah.
La route ressemblait à un circuit de course en montagnes, sur une chaussée non pavée, avec des précipices de chaque côté. Et des paysages toujours aussi sublimes.
Cette petite ville est très sympathique et plus paisible que les autres. Il y a plusieurs marchés très colorés, plusieurs personnes portant leur costume traditionnel, pas pour les touristes cette fois, il n'y en a pas!
Je me fais encore observer comme si j'étais venue d'une autre planète, c'est vrai que je viens de l'autre côté de la terre...ahah...mais il y a plus de gens qui osent me saluer. Près des frontières, les mentalités sont différentes, moins fermées. Hier, lorsque je suis allée souper dans une cafétéria où il fallait choisir les items dans les chaudrons à la porte, une dame a demandé, croyant m'aider, à la jeune serveuse de m'apporter un petit bol et une cuillère chinoise...Je l'ai remerciée!
Demain, je prends le minibus pour Ruili, non loin de la frontière du Myanmar. On dit de cette ville que c'est une des plus intéressantes du sud-ouest de la Chine et que les gens y sont plus ouverts qu'ailleurs. On dit aussi que c'est une ville qui vit la nuit...
J'ai hâte de voir ça! »