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Vietnam-13
Chronique 20
« Kunming, Chine, le 28 janvier 2004
Je vous avais dit que je terminais le Vietnam avec le 12...ahah...mais c'est comme le blé d'inde: 13 à la douzaine!
Il fallait que je vous raconte ma dernière excursion, celle à Sapa. Elle ne s'est pas tout à fait déroulée selon la brochure, à cause du Têt et de mon transfert en Chine, mais ce fut une grande expérience magique.
Le 23, à 22h10, j'ai pris le train de nuit vers Lao Cai. Je partageais une cabine à 4 couchettes avec un jeune Vietnamien de 27 ans, une jeune Vietnamienne de 27 ans (ils ne se connaissaient pas et agissaient tous les deux en tant que guides pour des petits groupes) et une Allemande de 33 ans.
Ce fut une nuit très calme et agréable en comparaison de celle que j'avais vécue sur le bus de nuit pour Hanoi. On a jasé un peu et à 23h30, on a éteint les lumières. Personne ne ronflait, personne ne crachait, personne ne vomissait, personne ne rotait, personne ne criait, personne ne chantait, personne ne pleurait, personne ne
s'est levé et on s'est fait bercer toute la nuit. Il n'y avait que les arrêts du train qui étaient un peu dérangeants.
À 7h45, nous arrivions à Lao Cai d'où nous prenions une minivan pour Sapa. On aurait dit les montagnes russes. Ou un circuit de course. Plusieurs personnes vomissaient dans leur petit sac. Moi, j'étais assise à l'avant, la place de choix (les privilèges de l'âge, sans doute)!
Environ une heure plus tard, nous arrivions à Sapa qui était dans le brouillard. C'est là qu'on a modifié mon horaire...
J'ai eu droit à deux jours de "trekking" dans les montagnes du nord, dans les rizières en terrasse, dans des paysages magnifiques, dans les villages et parmi les peuples de certaines minorités. Comme j'étais seule, on m'a jumelée à l'Allemande de 33 ans, Uli (Pat aurait été heureuse...). Nous avions une guide pour nous toutes seules, Chai, une Black H'Mong de 15 ans, très petite de taille.
Le premier jour, nous avons sûrement fait plus de 15 km, dans la boue la plupart du temps, sous une température près du point de congélation et sans soleil (un peu de bruine constante). En route, nous avons fait un pique-nique. Chai avait apporté des pains, des concombres, des tomates et du fromage. Ce fut très agréable de manger dans ce décor grandiose!
En fin d'après-midi, après de multiples péripéties concernant notre repas du soir, nous sommes arrivées à destination, soit dans la maison d'une famille de la minorité Dzay. Une maison de bois, non isolée et dont l'entre toit était grand ouvert. Le plancher était de ciment raboteux mais je crois que la plupart sont sur la terre battue. Uli et moi dormions dans un grand dortoir de 10 lits, au 2e étage, soit sous l'entre toit ouvert. Nous avions donc chacune 5 lits et 5 grosses douillettes à notre disposition (heureusement...brrrrrr!)
Nous nous sommes donc rassemblées, avec quelques membres de la famille, au coin du feu servant à cuisiner, le seul endroit (sauf sous les douillettes) où nous pouvions avoir un peu de chaleur, et nous les avons regardées (la mère de famille Dzay et Chai) préparer le repas qui s'est avéré être un vrai festin: du riz (bien entendu), du manioc, du poulet (eh oui!), du boeuf, du foie de porc, des légumes en quantité, et j'en oublie...et du vin de riz pour terminer le tout!
Nous avons ensuite veillé devant le poêle (un trou creusé dans le sol et sur lequel une grille est déposée), avec la famille, à regarder les flammes produites par les minces morceaux de bois qu'on y mettait de temps à autre. Pour cuire, ils utilisent du bambou qui produit une flamme rapide et vive.
Nous nous sommes couchées tôt, et nous ne nous sommes pas relevées de la nuit: les toilettes étaient dehors...ahah!
Le lendemain matin, nous n'osions pas sortir de sous les couvertures...C'est l'odeur du bon déjeuner (encore un festin) qui nous a incitées à descendre.
Et nous sommes reparties pour un autre 10 km de "trekking" dans les montagnes.
C'était encore brumeux et très humide! Les peuples des montagnes marchent pieds nus dans leurs godasses en plastique, ils ont aussi souvent les bras nus et ne portent pas de manteau d'hiver...ils sont faits forts!
Une jeep nous a ensuite ramenées à Sapa...ouf! Sur le bord d'un précipice sans fond, sur une route boueuse et glissante, pas de parapet bien entendu...Ça m'a réchauffée!
Uli prenait le bus vers Lao Cai pour faire le trajet de nuit sur le train vers Hanoi. Moi, je restais dans un hôtel à Sapa (magnifique endroit, je me suis promis de revenir par beau temps), dans une chambre non chauffée (le train était chauffé) mais où il y avait de l'eau chaude. Ça m'a permis d'enlever un peu de boue de mes vêtements.
J'ai eu froid durant cette excursion, très froid! Et Uli, encore plus que moi! Ces gens-là vivent dans des conditions vraiment pénibles. Je sais, chez nous il fait - 30⁰C...mais on a du chauffage et des vêtements en conséquence. On est chanceux, très chanceux!
Ce fut, malgré le froid et la boue (ils sont aussi dans la boue, constamment), une expérience humaine très enrichissante. J'ai vécu, pendant 20 heures, la vie de ces gens-là, comme eux...j'ai mangé avec la famille, j'ai connu leurs longues soirées à tenter de se réchauffer et à regarder passer les heures (ils n'ont pas de téléviseur, ni de téléphone)...
J'ai vu les petites routes et les sentiers remplis de gens, à toute heure du jour. On dirait qu'ils marchent tout le temps...peut-être pour se réchauffer???
Le lendemain matin, après déjeuner, j'ai été conduite, en voiture...wow...à Lao Cai, où on m'a remis mon billet d'autobus à couchettes et où on m'a amenée à la frontière en scooter.
J'ai dit au revoir au Vietnam et j'ai traversé le pont vers Hekou où j'ai rempli les formalités d'entrée.
À 11h00 (il était midi en Chine) je mettais les pieds en Chine.
C'est quasiment pas croyable!!! » |
Sapa et environs
Uli, avec qui je faisais cette
excursion, devant la maison
Dzai où nous avons soupé et
passé la nuit.
Le dortoir, au second plancher
de la maison, sous l'entre toit
ouvert aux quatre vents, où
nous avons dormi.
Avec deux douillettes, c'était
très confortable, tellement
qu'on ne voulait plus sortir
du lit...
La dame Dzai et Chai, la
jeune guide, préparant le
repas sur un feu de bois.
Quand on veut plus de
chaleur, on active
le feu avec du bambou.
La dame Dzai surveillant
la cuisson.
Les Asiatiques passent des
heures dans cette position,
accroupie, qu'ils privilégient
sur tout autre.
Et voilà le résultat: un festin!
On voit ici Uli (Allemagne) et
la dame Dzai.
La dame Dzai et Chai,
la jeune guide.
Le lendemain...
Petite fille H'Mong.
Je ne me lassais pas de
ces paysages.
Un rassemblement de
dames H'Mong.
Dame Dzai vendant des
objets d'artisanat.
D'autres jeunes dames vendant
des objets d'artisanat pour un
prix ridiculement bas. Hélas, je
ne pouvais en mettre davantage
dans mon petit sac à dos.
Femmes et enfants du
peuple Red Dzao.
Un autre rassemblement...
pour la vente d'objets aux
touristes.
Et encore...
Le brouillard était
omniprésent.
Un autre village à flanc de
montagne.
Chai et une jeune fille H'Mong
préparant le dîner, toujours
en position accroupie.
Même après le dîner, le brouillard
ne se dissipait pas.
Et moi je ne me lassais pas
de ces modestes maisons.
Hommes et jeunes garçons
Black H'Mong.
Je n'ai jamais su ce qu'ils
attendaient même si nous
sommes restées nous-mêmes
près de trois heures à attendre
la jeep qui nous ramenait à
Sapa.
Gens du peuple H'Mong
marchant sur la route
boueuse.
Ils marchent sans cesse,
pour aller où????
Sans doute pour se
réchauffer!
Des femmes H'Mong
avec leurs nombreux
enfants. Elles se
"marient" très jeunes.
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